Les nouvelles recommandations pour les professionnel-le-s de la santé relatives à l'approche de l'excision (MGF/E) paraîtront cet été. Ancienne responsable de projet auprès de Brava et du Réseau suisse contre l'excision, Marisa Birri a coordonné l'élaboration de ces recommandations. Nous l’avons interrogée sur le contenu, les défis et le processus d'élaboration de ces dernières.
Réseau : Marisa Birri, pourquoi faut-il des recommandations sur les MGF/E pour les professionnel-le-s de la santé ?
Marisa Birri : Les professionnel-le-s de la santé jouent un rôle tout à fait crucial dans la prévention et dans le soutien des femmes concernées. Il est donc primordial que ces spécialistes aient des connaissances des MGF/E. Les recommandations sont une pièce importante du puzzle pour la sensibilisation des professionnel-le-s de la santé — notamment parce que le sujet est encore insuffisamment traité dans la formation.
Des recommandations étaient déjà une réalité. Pourquoi les réviser ?
Les anciennes recommandations dataient de 2005. Bien des choses ont évolué ces dernières années, tant au niveau international qu'en Suisse. La recherche a produit de nouvelles études sur la manière dont les filles et les femmes concernées doivent être soutenues et traitées. Dans notre pays, de nouveaux points de contact pour ces dernières et les spécialistes ont vu le jour ; un nouvel article pénal a de plus été introduit en 2012. Les recommandations révisées tiennent compte de cette évolution.
Quelles sont les nouveautés par rapport aux anciennes recommandations ?
Les nouveautés portent sur des aspects comme la communication et la conduite d'entretiens. La perspective de la patientèle est également mieux prise en compte. Il existe en outre des chapitres spécifiques sur la pédiatrie et la protection de l'enfant. Ce n'était pas le cas jusqu’ici : l’accent était plutôt mis sur la gynécologie et l'obstétrique. Les recommandations actuelles sont plus complètes, en termes de contenu et de volume et constituent un document de base pour ainsi dire.
Les recommandations sont soutenues par plusieurs associations professionnelles. Pourquoi la collaboration interdisciplinaire est-elle cruciale ?
La collaboration interdisciplinaire en matière de MGF/E est centrale, car la thématique — notamment dans le domaine de la santé — concerne souvent plusieurs domaines spécialisés et une approche interdisciplinaire est donc une condition préalable à une prise en charge optimale des femmes concernées ainsi qu'à la prévention et à la protection des filles menacées. Ainsi, il est nécessaire de documenter les MGF/E dans le dossier du patient, de se concerter et de coordonner les divers spécialistes, afin d'éviter que les concernées ne soient à nouveau abordées et examinées à propos des MGF/E. C'est aussi un thème des nouvelles recommandations.
Souhaitez-vous mentionner d’autres aspects encore ?
L’élaboration de ces recommandations a réuni surtout des personnes travaillant dans le secteur pratique de la santé qui se sont mises à disposition, à côté de leur activité, pour élaborer les différents chapitres. Le défi était de taille pour elles ! Mais c'est la force du document selon moi : les professionnel-le-s à l’origine des recommandations viennent de la pratique. On s’aperçoit très bien de l’expérience qu’elles ont avec les femmes concernées.
Contribution de Denise Schwegler, Réseau suisse contre l'excision
https://www.excision.ch/reseau/stories/nouvelles-recommandations-sante
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